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Javed Meetoo, le prédicateur et agitateur islamisant, se retrouve en détention, la police ayant objecté à sa remise en liberté après son interpellation aujourd’hui pour un défilé d’intimidation dans la région de Chitrakoot, à Vallée des Prêtres, hier soir. Ce défilé motorisé a été marqué par des gestes de provocation envers les habitants, notamment par quelques arrêts au cours desquels des poubelles et des briques ont été renversées sur la voie publique. Ces incidents, survenant dans un faisceau d’autres phénomènes ethno-centrés qui ont surgi récemment, pointent vers des formes de manipulation des masses.
A ce stade, Javed Meetoo est la seule personne interpellée de la centaine qui aura pris part au défilé dans les rues de Vallée des Prêtres. Les habitants ont noté les plaques minéralogiques des voitures et c’est sur la base de ces témoignages que la police a pu remonter jusqu’à lui. La police s’est opposé à la liberté conditionnelle du prévenu, mais il est attendu que son avocat, Me. Raouf Gulbul, présente une motion formelle demain (7juin 2019) en ce sens. Les charges envisagées contre lui seraient celles de participation dans une manifestation illégale et de dégradation en bande organisée.
Il serait peut-être mal avisé de considérer les événements du 5 juin à Vallée des Prêtres dans un cadre isolé. Ces incidents surviennent dans un contexte où l’on note une multiplication d’incidents ethno-centrés avec des connotations religieuses. Il y a eu l’apparition d’une vidéo avec des propos vexatoires du ministre Gayan – qu’il qu’il affirme avoir été décontextualisés – et qui donnera lieu demain à une manifestation à Plaine Verte ; il y a aussi l’affaire Altamess Emamdin, qui est lui accusé d’avoir proféré des menaces à l’encontre du ministre Soodesh Callichurn ; sans compter un certain nombre de graffitis et de dégradations visant des lieux de culte hindous et musulmans en divers endroits du pays. La récente victoire aux élections du Lok Sabha, en Inde, des partis unis derrière le BJP, dont le nationalisme hindou ostracise les minorités, participe aussi ici à Maurice à ce climat délétère.
Quand bien même que certaines incompétences au niveau du gouvernement pourraient les favoriser, la succession de ces phénomènes n’est jamais fortuite. La récurrence des phénomènes qui engagent de telles références clivantes au plan ethno-religieux sont généralement indicateurs d’une manipulation des masses. La succession de ces épiphénomènes dans un court laps de temps est du type à créer une psychose sociale, élément nécessaire à toute entreprise de déstabilisation.
Inside-News, le journal pro-MSM, évoquait ces incidents avec en titre « des pro-ISIS» qui sèment la terreur dans des faubourgs de la capitale. Dans quelle mesure est-ce vrai ? C’est une affirmation difficile à soutenir. L’approche de nos confrères de Zinfos-Moris, qui eux évoquent “des prétendus partisans du groupe Etat Islamique”, nous paraît davantage se conformer à la réalité. Javed Meetoo, alias Abu Junayna, se présente comme un partisan d’une transformation de Maurice en « Etat islamique ».
Compte tenu de certains rapports l’associant au recrutement de Mauriciens pour combattre en Syrie, on le considère généralement comme associé à la mouvance ISIS. Mais ses modes opératoires diffèrent, et de loin, de ce qui est connu des groupes qui se réclament de l’Etat Islamique. Il ne suffit pas que quelqu’un se réclame de ce type de mouvement, pour qu’il en soit véritablement.
Ce qui est certain, c’est que le prêcheur-agitateur a bénéficié d’une crédibilité exceptionnelle lorsque, à la même époque l’année dernière, les autorités lui ont accordé seulement un avertissement après qu’il eut mobilisé une foule hostile pour intimider les participants à la marche en faveur de la communauté LGBT. Cette crédibilité lui a permis d’accroitre le nombre de ses suiveurs, tous disposés à fonctionner comme un gang apte à terroriser des quartiers populaires. Cette évidence s’impose, mieux que toute spéculation.